Mélissa Sharufa : »Le cancer est guérissable en cas de dépistage précoce et une bonne prise en charge »

Le cancer est une maladie des vivants, selon l’O.M.S, un véritable problème de santé publique. Des milliers de personnes souffrent des affres du cancer suite à l’accès difficile aux traitements, l’ignorance de cette maladie par le grand public, l’insuffisance des ressources humaines et la prise en charge des patients difficiles.

En Afrique, les études épidémiologiques prévoient 1,2 millions de nouveaux cas de cancer d’ici 2030 d’après le site afrocancer.org. Le seul remède pour y échapper à temps, c’est le dépistage précoce et c’est l’objectif de la Fondation Bomoko (Ensemble en français), une fondation créée par Melissa Sharufa Amissi dans le but d’aider les femmes à prévenir l’apparition du cancer et aussi assurer un suivi en cas de détection tardive de ce dernier. Lutter contre le cancer sous toutes ses formes est le crédo de BOMOKO. Sa fondatrice l’a fait savoir à votre rédaction au cours d’une interview réalisée à Kinshasa ce lundi 02 juillet.

Pourquoi avez-vous choisi le cancer comme champ d’action ?

Le cancer premièrement, je l’ai toujours dit, j’ai connu le cancer de manière personnelle c’est à dire en famille, et deuxièmement c’est une maladie qui est considérée comme tabou une fois qu’on a un des proches qui en a souffre. D’après mes recherches, j’ai vu ce qui se passait ailleurs, et dans mon pays, il n’y avait pas grand-chose qui était fait dans mon pays. Au lieu de rester dans le camp des accusateurs ou accusatrices, je me suis dit pourquoi pas créer une structure qui pourrait répondre aux besoins d’informations concernant le cancer, c’est ainsi que j’ai créé la fondation BOMOKO pour sensibiliser, informer les personnes, les inciter à aller se faire dépister à temps.

Quelles sont les réalisations de la Fondation BOMOKO dans ce combat contre le cancer?

En 2017, près de 20.000 personnes sensibilisées à travers nos programmes de sensibilisation sur terrain et sur les réseaux sociaux; 58 femmes assistées pour le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus;64 bénévoles recrutés et formés pour la sensibilisation et l’accompagnement des malades ;5 programmes de sensibilisation mis en place ; 3 provinces touchées sur 26 ;4 contrats d’accompagnement conclus avec les professionnels de santé; 1 site web vitrine dédié à l’information liée au cancer en RDC

En outre, l’acquisition d’un bâtiment qui abritera le centre de cancérologie de Kinshasa; la mise en place d’une plateforme d’échange digitale

Nos programmes de sensibilisation et vulgarisation menées dans différentes communautés ( les églises, les institutions  d’éducation, les entreprises, et marchés, etc.), lesquels ont pour but d’informer le maximum de personnes sur la maladie et les bienfaits d’une détection précoce de cette dernière.

La Fondation BOMOKO travaille pour mettre en place un programme de sensibilisation conjointement avec d’autres institutions spécialisées dans le domaine de la santé. Cette conjugaison d’efforts permet de toucher toutes les couches de la population en impliquant un maximum de personnes dans la lutte contre le cancer afin de contribuer au changement des mentalités.

La Zumba contre le cancer du sein est une activité annuelle et caritative qui regroupe les femmes de tout âge autour d’une activité physique animée d’un mélange de musiques dynamique, entraînante et festive (Zumba) afin de vulgariser les informations liées à ce type de cancer mais aussi pour pouvoir récolter des fonds qui serviront à financer le dépistage pour le cancer du sein en faveur des femmes démunies durant tout le mois d’octobre.

BOMOKO redonne le sourire :Ce concept regroupe nos différents dons matériels et financiers envers des personnes malades en vue de pouvoir les accompagner dans leur combat contre le cancer et
améliorer leurs conditions de vie.

Nous visons à instaurer la culture du partage et du soutien aux personnes malades en leur démontrant notre amour ainsi que l’accompagnement psychologique à travers les soins palliatifs et nos divers dons lors de nos descentes et visites dans les hôpitaux et foyers où ils séjournent.
Nos donateurs sont essentiellement composés du public, ainsi, 100% des dons sont reversés dans la cause.

Le Centre de Cancérologie: afin d’offrir à la population un centre leur permettant d’assurer la prise en charge du traitement des cancers, le centre de cancérologie répondra aux besoins en termes de :

– Dépistage et diagnostic
– Traitement par chimiothérapie, radiothérapie et suivi médical des malades;
– Soins palliatifs

Le centre est situé au cœur de la ville de Kinshasa et aura comme capacité d’accueil 100 lits et une grande salle de réunion et de formation du corps médical.

Au premier trimestre de l’année 2018, en janvier, nos activités furent essentiellement dirigées vers la consolidation de notre présence digitale et la restructuration des équipes au sein de la Fondation. Nous avons pu
mettre à jour notre site web officiel, nous avons créé un compte YOUTUBE, nous avons entamé les démarches pour responsabiliser des équipes externes pour la traduction des versions anglaises et espagnoles de nos différentes plateformes digitales et nos documents mais aussi, nous avons restructuré les tâches et les responsabilités au sein de la structure afin de maximiser les rendements et les performances de tout un chacun pour l’avancement de nos projets.

Outre les activités quotidiennes de suivi et orientation des patients, janvier a été aussi caractérisé par la préparation de la Journée Internationale de la lutte contre le Cancer, le 4 février de chaque année. Nous avons établi le programme définitif, nous avons effectué un suivi auprès des différents intervenants et assuré la distribution des invitations, la coordination de la journée et le suivi des sponsorings.

Enfin, nous avons sponsorisé 6 malades pour un diagnostic précoce contre les cancers du sein et du col de l’utérus.

Février fut marqué par la Conférence Internationale Afrique Contre le Cancer (CIACC) le samedi 03 Février 2018 en marge de la Journée Internationale de la lutte contre le Cancer.

Cette première édition avait pour objectif de s’intéresser à la problématique de prévention comme l’un des moyens les plus efficaces dans la lutte contre le cancer en RDC. Elle a connu une audience active de plus de 500 participants et de la présence de son Excellence Monsieur le Ministre Oly Ilunga ainsi que plusieurs représentants des ministères des Affaires sociales, du Budget, etc, mandataires de l’Etat, Directeurs généraux, recteurs et médecins directeurs des hôpitaux de la place.

Au mois de mars, nous avons continué nos sensibilisations sur terrain, cette fois en se focalisant sur les invitations
reçues des potentiels partenaires, églises et écoles.

Nous avons pu sensibiliser 282 filles/femmes sur le cancer du col de l’utérus et le cancer du sein en assurant, pour chaque descente, la distribution des pamphlets et un temps des questions-réponses avec le médecin.

Les démarches en dehors du pays ont pu débuter, en rendant visite au GFAOP en France afin de discuter sur les termes d’une future collaboration entre les deux structures.

Nous avons contribué à l’organisation d’une marche de santé par une ONG locale et nous avons sponsorisé un évènement culturel organisé à l’Université de Kinshasa pour la promotion des activités de la femme.

Enfin, nous avons sponsorisé 7 malades pour un diagnostic précoce contre les cancers du sein et du col de l’utérus. Incessamment, il y aura un rapport sur nos activités au 2e trimestre de l’année 2018.

Quelles sont les modes de préventions du cancer?

Pour se protéger contre le cancer, d’abord c’est une maladie très complexe mais une fois qu’elle est diagnostiquée tôt, on peut la guérir, la personne peut retrouver une bonne santé. C’est ce que nous faisons, nous faisons passer le message d’espoir ou lorsque vous êtes informés des symptômes, on peut être guéri du cancer par le dépistage précoce. Nous essayons d’inciter un maximum des personnes à aller se faire dépister. Nous travaillons également avec les hôpitaux qui permettent d’avoir des coûts réduits des examens, répondre également à un autre problème de financement pour des personnes qui ne sont pas en mesure de se faire soigner gratuitement pour l’instant.

Beaucoup pensent que les ONG et fondations sont devenues des biens privés dans l’objectif de se faire une santé financière avec les subventions et dons des partenaires. Comment réagissez-vous ?

À ceux qui pensent comme ça, je tiens à souligner que plusieurs ONG et fondations ont abusé. C’est ce qui a fait qu’aujourd’hui, nous par exemple, nous souffrons du manque de financement, on n’a plus confiance aux ONG et fondations. Quant à la fondation BOMOKO, pour l’instant, la première année, on s’était fixé comme objectif de travailler sur fonds propres, nous n’avons  sollicité  ni des dons ni des subventions, nous savions déjà qu’on allait être buté à ce problème. Aux ONG et fondations qui détournent les fonds, c’est dommage, le pays a besoin d’avancer, le pays ne peut se développer par des dons mais c’est dans pareilles circonstances qu’on reconnaît le sérieux et l’amour qu’on a envers la patrie. Ce n’est qu’une question de temps de prouver que la fondation BOMOKO a réellement le souci d’aider la population congolaise dans ce combat contre le cancer, nous espérons que les choses vont se débloquer dans l’avenir.

Quelles sont les difficultés rencontrées depuis la création de la fondation BOMOKO ?

Les difficultés ne manquent pas. D’abord, elles sont du point de vue de la mentalité parce que le cancer est une maladie tabou, on en parle pas trop que ça soit au niveau de la population même dans certains hôpitaux, c’est comme si on parlait d’une nouvelle maladie. Ensuite, il y a aussi l’aspect financier, quand on avait commencé, on ne s’attendait pas qu’on allait avoir autant des demandes et besoins. Je dirai ce sont là, les deux grandes difficultés mais aussi la logistique, l’ambition de la fondation BOMOKO est nationale, ça ne sera pas facile d’atteindre les 26 provinces avec les mêmes moyens, il faut des véhicules, et pour certaines les avions. C’est la grande difficulté, nous pensons qu’avec le temps, les choses vont s’améliorer.

Avez-vous déjà rencontré les décideurs, partenaires afin de les exposer votre vision’ en vue d’obtenir une aide ?

Oui, nous avons déjà rencontré son Excellence, le ministre de la Santé publique le Docteur Oly Ilunga Kalenga. Ce dernier a beaucoup apprécié l’initiative mais également certains membres du gouvernement, le feedback est positif, ce que nous devons faire, c’est de continuer à travailler d’arrache-pied. Les différents partenaires sont aussi contactés, les travaux, discussions sont en cours, nous espérons que l’avenir nous réserve de bonnes choses.

Comment vous soutenir dans ce combat contre le cancer ?

Nous lançons un appel à l’aide aux volontaires ponctuels ou qui pourront s’engager à long
terme avec nous.
Le soutien peut être en termes de services, matériels ou financier. Toute aide est la bienvenue.

Si vous ne vous sentez pas encore prêt ou que vous souhaitez de plus amples informations sur notre structure, nous sommes disposés à vous les fournir en toute transparence.
Si vous souhaitez vous engager à long terme, prière d’adresser un e-mail à :
anthony.mvano@fondationbomoko.org

Quel est l’élément motivateur qui vous a poussé de faire ce que vous faites aujourd’hui dans le secteur de la santé et management ?

(Rires). La motivation est que j’ai grandi dans une famille ou il fallait être indépendant plus tôt. Et l’élément qui a déclenché tout ça, c’est une prise de conscience de savoir qui on est ? Ce que l’on veut faire ? J’ai tellement assisté dans des conférences ou nous étions motivé à batailler beaucoup pour pouvoir réaliser nos rêves à devenir ce que l’on souhaite être et je pense que rien que ça, je suis très motivé. Mise à part les histoires personnelles de cancer avec ma famille, je me suis dit que j’ai des objectifs à atteindre et je travaille dur chaque jour pour les atteindre.

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