Affaire meurtre de l’AG de Vijana : Les juges devant leurs responsabilités

Le collectif des avocats du ministre provincial de l’Intérieur de Kinshasa Dolly Makambo, a rejeté en bloc toutes les accusations portées contre leur client par le ministère public.

Les avocats de la défense ont développé leurs arguments au cours de leur plaidoirie faites à l’audience de ce mardi 19 novembre à la Haute Cour militaire. Ils ont indiqué que leur client n’est pas responsable du meurtre de l’Administrateur gestionnaire du Centre hospitalier Vijana. Cela, dans la mesure où  il n’a donné aucune instruction à ses hommes, en l’occurrence l’agent de police Ekanga Nyama Gaetan ou encore le chauffeur commis à sa suite, de descendre sur le lieu, afin de commettre les faits infractionnels pour lesquels l’Auditeur général les a déférés devant la Haute Cour.

Parties civiles en danse

Les avocats des parties civiles conduits par Me Etienne Lombela, ont quant à eux démontré noir sur blanc que les préventions  d’incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à leur discipline, meurtre, torture et arrestation arbitraire, sont bel et bien mis à charge des prévenus Dolly Makambo, Semeyi Bakatshuraka et consorts. Car, ils ont participé chacun d’une manière comme d’une autre à la commission du meurtre et autres infractions décriées.  Pour ce faire, Me Etienne Lombela a invité les juges militaires à condamner chaque prévenu à une peine prévue par la loi selon les faits dont ils ont été auteurs.  S’agissant des réparations, Me Etienne a invité les hauts magistrats à condamner les prévenus à payer à chacune des parties civiles le montant de 8 USD millions, payable en francs congolais à raison de  2 USD millions pour chaque parie civile. Me Lombela a précisé que le dommage qui résulte des faits commis par les prévenus est immense, à savoir la perte d’un être irremplaçable. Me Lombela a en outre invité la Cour à condamner solidairement l’Etat congolais et la province de Kinshasa à payer aux parties civiles le montant d’USD 100 000 équivalent en francs congolais, suite à leur négligence,  dans la mesure où l’arme qui a occasionné le meurtre appartient à l’Etat congolais et l’agent qui a commis le meurtre, est un préposé de l’Etat congolais.

Expliquant la prévention d’incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à leur discipline, Me Etienne a souligné que ceux qui provoquent et ceux qui assistent répondent devant les juridictions militaires. Il a précisé que le policier qui a tiré est un garde du corps de Dolly Makambo. ‘’Dolly Makambo a détourné le garde du corps de leur rôle de surveiller le chef et sa famille pour aller surveiller les travaux de construction de son ami Bakatshuraka. Concernant la torture, l’avocat a souligné que les prévenus Serge Kamanda, Jacques Akilimani et Ekanga Nyama ont infligé la torture au défunt Kuku Ilo sur instruction de Dolly Makambo et de son ami Semeyi Bakatshuraka. Ainsi, les deux ont été considérés comme des co-auteurs de la torture infligée à Kuku, qu’ils considèrent comme étant un témoin gênant.

Relatant les faits, Me Lombela a expliqué que cette affaire est née de la spoliation d’une partie de la concession appartenant à l’Etat congolais. Et c’est le prévenu Semeyi  Bakatshuraka proche ami du ministre provincial de l’Intérieur de Kinshasa, mettra tout en œuvre pour s’approprier la portion de terre, qui du reste, s’avère un domaine public de l’Etat. Bakatshuraka obtiendra l’appui du ministre Makambo pour lancer ainsi les travaux. Cependant, au moment de l’exécution desdits travaux, le tandem Makambo et Bakatshuraka trouveront une farouche opposition. Et c’est le défunt Berlice Kuku Ilo, alors administrateur gestionnaire du Centre de santé Vijana. Il a constaté que le prévenu Bakatshuraka voulait s’approprier une portion dans cette concession. Selon cet auxiliaire de justice, devant la résistance de Kuku, le prévenu Kamanda et Jacques Akilimani et autres, vont s’employer à passer à tabac Kuku Ilo, avant de le jeter dans la Jeep Nissan Patrol de couleur grise, véhicule appartenant au ministre Dolly Makambo. C’est ainsi que le prévenu Akilimani va crier ‘’Beta masasi ‘’, c’est ainsi que Gaetan Ekanga va tirer à bout portant sur l’administrateur gestionnaire de Vijana, et l’homme trouvera la mort sur le champ. Me Etienne Lombela a invité à ne pas passer outre les demandes des parties civiles au regard de la clarté des faits, car cela désacraliserais le principe de la vie humaine.

Réquisitoire du ministère public

Juste après les plaidoiries des avocats des parties civiles, le ministère public a également prononcé son réquisitoire dans le quel il a requis 10 ans de prison ferme avec admission des circonstances atténuantes à l’endroit des prévenus Dolly Makambo et Semey Bakatsuraka. Par ailleurs, l’organe de la loi a requis la peine à perpétuité à l’encontre de Serge Kamanda Antonio, Jacques Akilimani Nyenyezi et bien entendu le prévenu Gaetan Ekanga, le meurtrier, sans aucune admission des circonstances atténuantes. Après les plaidoiries des avocats de la défense, ceux de la République prendront également la parole pour  défendre les intérêts de la République, dans la mesure où ce sont les préposés de l’Etat congolais qui sont impliqués directement dans la commission des  différentes infractions, retenues dans cette affaire. Ce sera au terme des différentes plaidoiries, que la Cour prendra ladite affaire en délibéré, avant de rendre son verdict.  Bien que la loi lui reconnaisse souveraineté et intime conviction, les juges militaires sont devant leurs responsabilités. Ils doivent trancher cette affaire en toute honnêteté, pour éviter des cas de soulèvement ou encore de contestation.

 

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