En marge du 38ème anniversaire de l’UDPS : Félix Tshisekedi s’adresse à la nation le 15 février

Le président de la République Félix Tshisekedi à la nation le 15 février 2020. Des conjectures vont bon train sur le contenu du message de celui qui incarne la première alternance démocratique en RDC.

Comment s’y prendra-t-il, en dépit du boulet solidement attaché à son pied – c’est-à-dire la coalition FCC-CACH pour redonner de l’espoir à des dizaines de millions de Congolais qui ont cru et croient en lui ? Quelle stratégie à court et moyen terme utilisera-t-il pour honorer la mémoire de ces nombreux Congolaises et Congolais qui ont perdu la vie pour que vienne la démocratie et que s’amorce l’État de droit ? Le 15 février approche. Certes, Tshisekedi évoquera en long et en large la gestion conjointe du pays à travers la coalition FCC-CACH, aboutissement d’un deal dont la nature n’a jamais été révélée au public. Sur le sujet, «il y a des choses à redire», selon les combattants du parti et leurs sympathisants. Au cri de «Divorce ! Divorce avec le FCC!» poussé par la base de l’UDPS, le président répondra-t-il par l’affirmative ? En tout état de cause, une surprise, désagréable ou pas, sera au rendez-vous.

Quoi qu’il en soit de sa retenue, le chef de l’État est vivement invité à inverser la tendance : transformer le pessimisme ambiant en optimisme réaliste afin de remobiliser les troupes. Feu Tshitshi, le père de la démocratie congolaise, fut un homme d’un courage extraordinaire. Il a légué à la postérité sa passion de «Vaincre la peur». Fatshi le fils biologique, devrait s’en inspirer et, à son tour, «vaincre sa peur». Les œuvres immortelles ne s’obtiennent qu’à ce prix.

« ll lui faudra «vaincre la peur»           

Des millions de combattants et sympathisants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’acheminent lentement mais sûrement vers la commémoration du 38ème anniversaire de la création de leur parti. La date sacrée est le 15 février 2020. D’historique parti de l’opposition radicale, sous Mobutu, Kabila père et Kabila fils, «la fille aînée de l’opposition» est, depuis le 24 janvier 2019, devenue le parti présidentiel. Donc, le parti au pouvoir. Conjointement avec ses nouveaux alliés, l’UDPS est logiquement comptable de la gestion du pays. Le 38ème anniversaire coïncide avec les 13 premiers mois d’expérience de l’UDPS dans l’exercice du pouvoir d’État. Les instances du parti préparent ce rendez-vous. Que pourrait dire le premier d’entre les combattants ? L’opinion publique, d’ici et d’ailleurs, piaffe d’impatience et de curiosité. Créée dans la clandestinité voici 38 ans, l’UDPS des Treize parlementaires a survécu à tous les régimes de terreur instaurés au pays, qu’il s’agisse de la République du Zaïre ou de la République démocratique du Congo. La très forte personnalité de ses leaders ; leur extraordinaire courage à braver une féroce dictature et ses représailles ; la pertinence ainsi que la nouveauté de leur discours encensant la démocratie et l’État de droit ; ces atouts avaient fini par galvaniser autant les foules que les élites intellectuelles, tout le monde misant sur ce parti s’affichant aux antipodes du «Parti-État» pour changer la donne et, enfin, permettre au Peuple de jouir de ses droits constitutionnels, dont le droit à la libre expression.

Beaucoup de faiblesses

1982-2019. Le chemin a été long et tortueux. La lutte n’a été que périlleuse. Subissant, en effet, les foudres des partis au pouvoir – MPR, AFDL, CPP, PPRD – le leadership originel de l’UDPS n’a pas résisté à des dissensions internes, instrumentalisées vraisemblablement par les adversaires au pouvoir. Incarcérations, relégations, assassinats, disparitions forcées, traques de la police politique et autres actes d’humiliation ont ponctué la vie du parti. Mais ils ont surtout, ironie du sort, cristallisé le moral des combattants autour de leur leader charismatique et de leur idéal commun. Et ce, en dépit des hésitations des puissances occidentales à soutenir le combat engagé par l’audacieuse UDPS au plus fort de la Guerre froide. Qui oublie que les régimes dictatoriaux qui prospéraient sur le continent africain dans les décennies ‘60-‘90 avaient été généralement inspirés par l’Occident pour ses intérêts idéologiques, hégémoniques et économiques ? Toutes ces péripéties de l’évolution de l’UDPS appartiennent désormais à l’Histoire. La même Histoire qui note d’une pierre blanche que, le 24 janvier 2019, le 5ème président de la République démocratique du Congo, chef de l’État, s’appelle Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. «L’UDPS vaincra», n’ont jamais cessé de scander les militants à la suite de leurs leaders. Et l’UDPS a vaincu un 24 janvier 2019. Déjà un an au pouvoir, l’UDPS de Tshisekedi Tshilombo marque beaucoup de faiblesses. Faiblesses de gouvernance sur le plan économique et financier. Faiblesses dans l’administration du territoire. Faiblesses dans le volet social. «Le Peuple d’abord» reste encore un mirage. Pour les avocats de l’Alternance 2019, les explications ne manquent pas pour justifier les ratés de l’An 1. C’est notamment et principalement l’héritage toxique du régime Kabila qui plombe tout effort de redressement immédiat, malgré la volonté manifeste du chef de l’État de gérer autrement la République, en faveur de tous les citoyens.

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