Gratuité de l’enseignement, panacée à l’accès à l’éducation

Le spectacle est désolant. Tenez, il est 10h30. Les élèves sensés être à l’école arpentent les rues du Quartier Ngilima dans la commune de Matete.

En petits groupes, ils sont en train de tailler bavette. Tous les sujets sont passés en revue: politique, football,… Un passant aux allures d’un parent les interroge en ces termes:  » pourquoi êtes-vous dehors à cette heure? Un des élèves répond avec amertume :  » Que voulez-vous que nous fassions ? On nous a chassés, les parents n’ont pas des moyens et ailleurs, les enfants étudient gratuitement ». Rassurez-vous, facile d’identifier ces élèves. Il suffit simplement de lire leurs insignes: Collège Saint Joachim. Aussitôt, nous allons à la rencontre du préfet de cet établissement.

Un préfet compatissant

Dans la peau d’un parent, le préfet Henri Hembe n’hésite pas un seul instant à exprimer sa compassion :  » Personnellement, je suis contre la chasse des élèves. Mais que voulez-vous, les impératifs d’une école privée nous y obligent ». Se souciant des difficultés des parents, les frais scolaires sont fixés de commun accord avec les parents (comité des parents) au cours d’une assemblée poursuit le préfet. Ce dernier argue que nous ne commençons à chasser qu’à partir du mois de novembre. Et de surcroît, les parents sont informés au préalable.  » Pour alléger tant soi peu la souffrance des parents, nous accordons une dérogation de deux semaines maximum » a fait savoir ce responsable.

 Le calvaire des parents

La cinquantaine révolue, Monsieur Ngituka raconte son calvaire pour payer les frais scolaires de ses deux filles au Lycée Molende (école conventionnée catholique) dans la commune de Matete.  » Imaginez que je dois payer 600.000 FC (environ 365 USD dollars) pour chacune d’elles. Moi qui suis fonctionnaire, où vais-je trouver cet argent ? ». Le parent affirme qu’ils ont étudié gratuitement. Alors que Félix Tshisekedi remette ce système. Pour clore, le pauvre parent s’en remet à Dieu en kikongo en ces termes :  » Nzambi kaka kwa Luzolo » (Dieu seul sait).

Plaidoyer du SYECO

Dans un mémorandum adressé vendredi 10 février au Chef de l’État, le Syndicat des Enseignants du Congo (SYECO) a dénoncé la commercialisation de l’éducation. Concrètement, Cécile Tshiyombo et les siens ont battu le pavé jusqu’au Palais de la Nation pour réclamer la gratuité de l’enseignement. Réagissant à ce sujet, Gaston Musemena, ministre de l’EPSP conditionne l’avènement de la gratuité à l’accroissement des ressources budgétaires allouées à l’enseignement de manière à rémunérer les non payés (NP).

Jean-Claude Katende de l’Association Africaine des Droits de l’homme (ASADHO) attribue cette situation à la précarité dans laquelle se trouve le parent congolais. En outre, cet activiste fustige l’intransigeance de certaines écoles. Pour étayer ses propos, il affirme que sa fille a été chassée pour 10 USD dollars alors qu’elle avait payé 470 USD dollars (480 USD dollars, totalité des frais).  » Savez-vous qu’il existe des écoles où on paye 1600 USD dollars voire plus ». L’État doit discuter avec les écoles privées pour la fixation des frais scolaires en faisant référence à la loi cadre.

Jean-Claude Katende s’en remet à la solution préconisée par le Président de la République: la gratuité de l’enseignement. Cela passe notamment par la lutte contre la corruption qui permettra de dégager les fonds nécessaires. D’ailleurs, le Chef de l’État ne fera qu’appliquer la Constitution en son article 43. Primo, elle garantit le droit à l’éducation scolaire. Secundo, elle consacre la gratuité de l’enseignement primaire dans les établissements publics. Qu’ont fait les pays comme le Rwanda pour arriver ne serait-ce qu’à la gratuité du primaire ?

 JM Mawete

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