RDC: l’absence de volonté politique à la base de la corruption

Quel est le secteur de la vie nationale qui échappe à la corruption ? Aucun répond Guylain Nsingi cambiste de son état tout en évoquant les feuilletons ayant émaillé la récente histoire politique congolaise : l’affaire Vital Kamerhe, la mise à l’écart de Jean-Pierre Bemba lors de la dernière élection présidentielle, les soupçons de corruption des députés provinciaux lors des scrutins indirects (élections sénatoriales et des gouverneurs), les allégations de corruption de certains juges de la Cour constitutionnelle lors du traitement du contentieux électoral …

Le corrupteur aussi bien le corrompu sont ingénieux pour qualifier les pratiques corruptives: mbote ya likasu pour le policier de roulage, branchement pour l’étudiant, suivi pour le quémandeur de l’emploi, …

Jonas Tshiombela de la Nouvelle Société civile Congolaise (NSCC)) distingue la petite de la grande corruption. Pour cet expert, la petite corruption touche le citoyen lambda alors que la grande corruption est celle qui s’insinue au sein même des structures étatiques, et ce, au plus haut niveau. Les dégâts causés par la corruption sont énormes et même éléphantesques. À en croire, l’ancien conseiller spécial du président honoraire Joseph Kabila en charge de la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux Luzolo Bambi, 15 milliards de Dollars américains s’envolent chaque année à cause de ce fléau dévastateur. Tenez, cette somme dépasse le budget actuel estimé à environ 10 milliards de dollars américains. Tenez, selon la même source, cette somme est l’équivalent de 55 % en moyenne des recettes du Trésor public. Point n’est besoin de s’étaler sur les méfaits de ce phénomène. Mais alors que faire pour enrayer ce désastre ? Et pourtant, le Code pénal congolais punit aussi bien le corrupteur que le corrompu sans compter les autres instruments juridiques. D’ailleurs, la loi électorale écarte de la course présidentielle les auteurs d’actes de corruption. Plusieurs acteurs préconisent la volonté politique comme recette. C’est le cas de Maître Willy Wenga avocat près la Cour d’appel de Kinshasa/ Gombe. Pour cet avocat, l’État doit se battre pour l’amélioration des conditions de travail de l’ensemble des fonctionnaires et plus spécialement des magistrats dans le but d’instaurer une justice répressive. La finalité étant de combattre l’impunité.

À l’époque Vice-premier ministre en charge du Travail Willy Makiashi a relevé l’inexistence et l’inopérationnalité des instruments juridiques spécifiques de lutte contre la corruption. Steve Kivwata, opérateur politique fustige lui aussi le manque de volonté politique s’attaquant principalement au Chef de l’État en sa qualité de magistrat suprême.  » Qu’a-t-il fait lors du contentieux électoral du 30 décembre 2018″ s’est-il interrogé l’air contrarié. Un expert de la Ligue Congolaise contre la Corruption (LICOCO) assure qu’il existe des organes pour lutter contre la corruption. Mais encore faut-il leur doter des moyens pour remplir leur mission : la justice qui doit relever le défi des ressources et d’indépendance, la Cellule nationale des renseignements financiers ( CENAREF) créée en 2009 mais qui peine à fonctionner faute des moyens, la Cour des comptes, la Commission de l’Ethique et de lutte contre la corruption ( CELP) créée en 2003, elle a mis fin à ses activités en 2007 faute des moyens, l’Observatoire du Code d’Ethique professionnelle (OCEP), l’Initiative pour la Transparence des Industries extractives ( ITIE),…

Le Gouvernement Ilunga à la défensive

Prenant la mesure de la situation, le Gouvernement Ilunga s’engage à poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements tous ceux qui s’adonnent au détournement des deniers publics, au coulage des recettes, à la corruption et aux pratiques illégales privant l’État de ses ressources. Promesse faite lors de la présentation du budget 2020 devant la représentation nationale. Tiendra-t-il ses promesses? Qui vivra verra dit-on.

Promesses fallacieuses

Plusieurs campagnes contre la corruption n’ont pas produit des résultats escomptés.  » Tolérance zéro » lancée avec pompe il y a quelques années n’a été qu’un vain slogan. La nomination de Luzolo Bambi comme conseiller spécial en charge de la lutte contre la corruption ne s’avère qu’être un souvenir lointain. Où est passé la rigueur reconnue à ce professeur ? Et pourtant, ce fléau a été maîtrisé dans les années 1960. Les politiques de l’époque, qu’ont-ils fait? Inspirons-nous. À l’heure actuelle, le Gabon punit sévèrement les auteurs de toutes les antivaleurs citées. On peut se casser en mille morceaux, seule la volonté politique déplacera les montagnes.

JM Mawete

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