Traque des vendeurs sur des grandes artères : Pourquoi pas un moratoire ?

Actuellement, la population kinoise assiste avec stupéfaction et dégoût à la traque des vendeurs le long de grandes artères.

Certes, la ville est aérée mais l’autre revers de la médaille, ce sont ces pauvres citoyens qui ne savent à quel saint se vouer. Eux qui sont habitués à vivre quotidiennement par le biais du secteur de l’informel. D’aucuns s’étonnent de cette mesure qui est tombée sans crier gare. Et pourtant, un moratoire pouvait leur donner le temps de prendre des précautions. Pour le moment, on assiste à un jeu du chat et de la souris. Jusqu’à quand ? L’avenir nous le dira. 

Gentiny Ngobila sur la défensive

Des pleurs et des grincements de dents à Kinshasa. La population accuse le nouveau gouverneur d’avoir ordonné une opération brutale qui risque de priver de nombreuses familles des moyens de subsistances dans un pays où une grande partie de la population vit de l’informel. Gentiny Ngobila se défend. Il dit avoir instruit les bourgmestres de procéder par le dialogue.

Le long des grandes avenues, c’est le sauve-qui-peut… Des policiers à bord des pick-up, d’autres à pied pourchassent les vendeurs. Ils renversent les étales et autres tables, s’ils ne les brûlent pas. « Destruction méchante des biens d’autrui », réagit une vendeuse des fruits, elle-même victime de l’opération menée avec beaucoup de brutalité.

Pour certains, ce sont les premières actions du nouveau gouverneur de la capitale. Gentiny Ngobila, récemment élu, confirme avoir ordonné l’opération. Mais il rejette la responsabilité quant à la brutalité qui la caractérise. J’ai instruit les bourgmestres de procéder par le dialogue avec la population, explique-t-il, car « il n’est pas propre de vendre des aliments le long des rues ».

En-dehors des problèmes d’hygiène, Gentiny Ngobila évoque les attroupements qui gênent la circulation comme une autre raison pour interdire le commerce le long des rues. Mais certains observateurs rappellent que la grande partie de la population de Kinshasa vit de l’informel.

Témoignage des habitants de Matete

C’est dans la douleur et l’amertume que la population de la commune de Matete vit l’opération de déguerpissement des vendeurs installés dans les grandes artères de cette municipalité. Le spectacle est désolant. Habits et chaussures (neufs ou de friperie), des petits étalages n’ont pas été épargnés.  Des jeeps sillonnant la municipalité avec à son bord des policiers qui peuvent surgir à tout moment. Tantôt pour ravir des bassins de pains, de gâteaux, tantôt pour arracher d’autres biens. Et cela sous l’œil impuissant de la pauvre population. Pire, on peut assister à des scènes de brutalité.

Patrick Pondo (commerçant dans la commune de Matete)

Le gouverneur nous met dans une situation difficile avec des conséquences graves sur la survie de nos familles. S’il veut vraiment que nous abandonnons la rue, il doit nous proposer avant tout des meilleures opportunités en créant des emplois.

Dan Lutondo (tenancier d’une cabine téléphonique)

C’est ce boulot qui me permet de nourrir ma petite famille, je paie le loyer avec ce que je gagne comme bénéfice, avant de procéder à ce genre d’opération, ils doivent créer des emplois en amont. Sinon qu’allons-nous faire ?

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