Audit du Trésor public : Des sanctions aux coupables

Tout le monde clame haut et fort ‘’ Etat de droit’’. Mais fort malheureusement, beaucoup ignorent que l’Etat de droit n’encourage nullement l’impunité.

C’est pourquoi, l’opinion exhorte le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi à s’impliquer personnellement pour que des sanctions exemplaires soient réservées aux ministres sortants qui seraient concernés de près ou de loin dans la dilapidation des deniers publics. Ce sera un signal fort que le Chef de l’Etat aura envoyé à l’aube de la formation du Gouvernement. Selon des sources dignes de foi, le numéro 2 de l’ANR requiert l’Inspecteur Général des Finances pour auditer tous les décaissements des fonds du Trésor public en faveur de tous les ministères depuis l’investiture de FATSHI jusqu’à ce jour. Pour les ministres sortants, l’heure de la reddition des comptes -au propre comme au figuré- a sonné. Le crépuscule de leur séjour au Gouvernement va rimer avec un audit. Est-ce la fin de l’impunité ? Ça y ressemble fortement. Où l’on parle d’une réquisition d’information couperet. Signée, rapporte-t-on, le 17 août par le numéro 2 de l’ANR Mbelu Biosha et motivée par « des raisons impérieuses de sécurité d’Etat », elle mobilise l’Inspecteur Général des Finances (IGF) sur trois volets en rapport avec la gestion des fonds publics. Et ce, depuis l’avènement effectif de Félix-Antoine Tshisekedi à la magistrature suprême jusqu’à ce jour. Le premier, signale-t-on, consiste en un audit de tous les décaissements des fonds du Trésor public en faveur de tous les ministères. L’IGF aura aussi pouvoir de saisir tous les bons de retrait de fonds émis par les différents ministères. Cet exercice sera doublé de celui consistant à exiger de ces départements ministériels tous les dossiers initiés par eux pour sortir ces fonds. Pour boucler la boucle, l’IGF fera les rapports circonstanciés sur lesdits rapports. Un haut cadre de l’IGF, ayant eu vent de cette réquisition d’information, salue la démarche. D’abord parce qu’elle tend à réhabiliter l’IGF dans sa mission foncière de gardien de l’orthodoxie dans la gestion des finances publiques.

De bon augure pour la fin de l’impunité

Sans notamment l’utilisation maximale de l’IGF, la lutte contre le coulage des fonds publics et son succédané qu’est la corruption, cheval de bataille de l’actuel Président, viendrait enrichir le musée de slogans désincarnés. Et le fait que la réquisition d’information soit circonscrite à la période FATSHI apparait comme un signal fort sur le front de la bonne gouvernance.

Survenant à la lisière du premier Gouvernement de la troisième législature de la troisième République, cette démarche devrait sonner comme un avertissement sans frais aux futurs ministres et plus généralement, aux mandataires de l’Etat. Avant même leur entrée en fonction, ils sauront à quoi s’en tenir.

Au regard du désastre causé par l’impunité, on ne peut que se féliciter de ce que l’ANR -service d’intelligence- soit en première ligne dans la lutte contre la dilapidation des fonds publics. La semaine dernière, la Centrale de renseignements a longtemps interrogé le ministre de de la Solidarité et Actions humanitaires au sujet des fonds alloués aux déplacés de Minembwe dans le Sud-Kivu. Plus de 500.000 USD détournés ! L’affaire est encore pendante. Voilà que dans une approche holistique, c’est au tour de l’IGF d’être impliquée dans la dynamique de la bonne gouvernance. De bon augure. Pour vu que cette démarche cesse d’être une opération ponctuelle pour s’inscrire dans l’ordre normal de la gestion de la res publica. Le nécessaire début de la sagesse de tout gestionnaire des fonds publics est à ce prix. La lutte contre les « anti valeurs » que le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi décrie matin, midi et soir ne saurait produire les effets que si tous les services de l’Etat ayant le contrôle des finances publiques dans leur ADN sont effectivement mis à contribution. De ce point de vue, la visite du nouveau Premier ministre…à l’IGF paraît résonner comme en écho à la volonté politique exprimée par le Président d’inaugurer une nouvelle ère de la gouvernance. Qui s’en plaindrait ?

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