Nobel de la paix : D. Mukwege, un médecin dévoué à la cause des femmes violées

Depuis près de vingt ans, le gynécologue, qui a reçu, vendredi, le prix Nobel de la paix, soigne des victimes de sévices sexuels au Sud-Kivu, en RDC.

 

Il faut avoir vu l’immense silhouette du docteur Denis Mukwege visiter l’une des salles communes de sa clinique de Panzi, à Bukavu (Sud-Kivu), s’arrêter à chaque lit pour prendre des nouvelles, saisir une main, caresser une joue, se pencher vers un visage avec tendresse afin de recueillir une confidence murmurée en un souffle, pour avoir une idée du charisme de l’homme et du lien qu’il entretient avec ses patientes.

Il faut avoir observé celui qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix, voix douce, regard profond et triste, écouter dans son bureau un énième témoignage de viol – ici, une jeune fille de 15 ans tenant dans ses bras sa petite de 3 ans, issue d’un viol, enlevée il y a peu et retrouvée à l’aube, le sexe détruit –, pour comprendre son engagement viscéral, depuis plus de vingt ans, au service des femmes de son pays, et sa révolte devant ce qui ressemble à un cercle vicieux et infernal.

Il faut l’avoir entendu, enfin, lors d’un sommet mondial consacré en 2014, à Londres, aux violences sexuelles dans les conflits, implorer un parterre subjugué de 80 ministres venus de 23 pays de ne plus détourner le regard sur « ce déni d’humanité » pour saisir la force d’une croisade entreprise, la rage au cœur, comme un devoir.

« Ce n’est jamais de gaîté de cœur que je quitte le bloc opératoire – tant d’opérations à mener, tant de femmes qui arrivent, encore, encore, et qui ont besoin d’aide – mais il me faut saisir toutes les tribunes pour dire au monde ce qui se passe au Congo et tâcher de le responsabiliser sur ce qui est désormais une arme de guerre. »

Déjà récompensé en Europe, aux Etats-Unis et en Asie pour son action, ce colosse débordant d’énergie à la voix grave et douce a lancé en 2014 un mouvement féministe masculin, V-Men Congo. Depuis 2015, alors que la RDC s’enfonce dans une crise politique émaillée de violences, L’Homme qui répare les femmes, comme le décrit un documentaire sur son combat a dénoncé à plusieurs reprises « le climat d’oppression […] et de rétrécissement de l’espace des libertés fondamentales » dans son pays.

 

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